Les erreurs médicamenteuses sont extrêmement fréquentes, à toutes les étapes du processus thérapeutique.
D’une manière générale, ces erreurs entraînent des événements indésirables graves (EIG).
Aux Etats-Unis, elles représentent la 4e cause des EIG déclarés et sont responsables d’environ 7000 décès annuels évitables.
En France, elles provoquent un EIG toutes les 2000 journées d’hospitalisation (enquête ENEIS 2009), soit environ 50 000 EIG par an, (1 EIG sur 2). Elles générent 1,5% des hospitalisations. Il est important de préciser que plus de la moitié de ces EIG sont évitables.
Il y a incontestablement des préjudices humains difficilement quantifiables, mais également des conséquences financières. Certains se risquent à l’évaluer à près de 350 millions d’euros par an, ce qui correspond à la construction d’un établissement de santé neuf de 700 lits environ.
D’après l’AFSSAPS, « l’erreur médicamenteuse est l'omission ou la réalisation non intentionnelle d'un acte survenu au cours du processus de soins impliquant un médicament, qui peut être à l’origine d’un risque ou d’un événement indésirable pour le patient.
L’erreur médicamenteuse est dite :
Avérée : lorsqu'elle résulte en l'administration au patient d'un médicament erroné, d'une dose incorrecte, par une mauvaise voie, ou selon un mauvais schéma thérapeutique, etc.
Potentielle : si l'erreur est interceptée avant l'administration du produit au patient.
Latente (ou risque d’erreur) : s'il s’agit d’une observation témoignant d’un danger potentiel pour le patient.
L’analyse a posteriori de l’erreur permet de la caractériser et de la qualifier par sa nature, son type, la gravité de ses conséquences cliniques pour le patient, l’étape de réalisation dans la chaîne de soins.
L’erreur peut trouver sa source :
D’après le « dictionnaire français de l’erreur médicamenteuse » de la Société Française de Pharmacie Clinique, « par erreur médicamenteuse (EM), on entend tout événement iatrogène médicamenteux évitable résultant d’un dysfonctionnement non intentionnel dans l’organisation de la prise en charge thérapeutique médicamenteuse du patient.
De tels événements peuvent s’avérer secondaires à la prescription ; la communication des ordonnance ; l’étiquetage des médicaments, leur emballage et leur dénomination ; leur préparation, leur délivrance et leur dispensation ; leur administration par un professionnel de santé ; l’information et l’éducation du patient ; le suivi thérapeutique ainsi que les modalités d’utilisation ».
Les enquêtes ENEIS 2004 et 2009 montrent l’ampleur et l’extrême importance de ces EIG. L’erreur médicamenteuse peut survenir à toutes les étapes du circuit du médicament et implique tous les professionnels de santé, et bien évidemment la communauté paramédicale.
L’amélioration de la sécurité du médicament dans les établissements de santé est considérée comme une priorité de Santé Publique. D’ailleurs, depuis 2005, les recommandations de la Haute Autorité de Santé et la réglementation ont évolué dans ce sens, au niveau national, européen et internationnal.
Mais cette amélioration n’est possible que par un engagement fort de l’ensemble des professionnels de santé, et plus précisement des acteurs paramédicaux.
La littérature professionnelle sur ce thème précise que la majorité des erreurs sont commises lors des étapes de prescription et d’administration, c'est-à-dire dans les unités de soins, au plus près des patients.
La M.E.A.H. (Mission nationale d’Expertise et d’Audit Hospitaliers) avant d’intégrer l’A.N.A.P. (Agence Nationale d’Appui à la Performance) a rendu un rapport en 2008, qui fait plusieurs constats sur les principaux dysfonctionnements sur ce circuit et propose des préconisations pour l’améliorer.
Les constats :
Les préconisations :
La COmmission du MEdicament et des DIspositifs Médicaux Stériles (COMEDIMS) détermine les particularités du circuit du médicament au sein de l’établissement et doit fixer les objectifs prioritaires des axes d’amélioration. Elle suit également les déclarations des événements indésirables évitables.
Le déploiement et le portage opérationnel des projets d’amélioration dans toutes les unités de soins seront optimaux avec la collaboration du référent du service et d’un professionnel de la pharmacie hospitlière.
Le développement des Evaluations des Pratiques Professionnelles (E.P.P.) doit s’étendre, car la plupart d’entre elles sont ciblées sur les antibiotiques et les anticoagulants. L’intégration des personnels paramédicaux dans cette démarche est impérative, car ce sont eux qui sont en bout de chaîne.
Le circuit du médicament est composé d’une série d’étapes successives, réalisées par des professionnels différents :
- la prescription : un acte médical,
- la dispensation : un acte pharmaceutique,
- l’administration : un acte infirmier ou médical.
En outre, ce circuit est interfacé avec le système d’information hospitalier et la logistique. Chaque étape de ce circuit est source d’erreurs potentielles qui peuvent générer des risques pour la santé du patient.
La Haute Autorité de Santé (H.A.S.) définit la résilience comme « l’aptitude d’une organisation à résister aux situations présentant des dangers avec un minimum de dommages. La résilience d’un système, au sens technique, humain et organisationnel se construit en 2 temps :
- lors de la conception, en cherchant à développer un système sûr, résistant aux événements imprévus, pourvus de défenses efficaces,
- lors de la vie du système, en analysant les incidents, leur gestion par les acteurs et le comportement des défenses, afin d’identifier aussi bien les fragilités que les ressources qui ont permis de les gérer au mieux et de tirer les leçons de cette analyse. »
Appliqué au circuit du médicament, la MeaH a retenu deux temps dans sa sécurisation :
- une sécurisation à priori, ou l’on détermine les éléments indispensables pour réaliser l’administration d’un principe actif, allant du recueil d’informations, en passant par la délivrance et/ou stockage, sa préparation, sans oublier sa traçabilité,
- une sécurisation à postériori, avec les retours d’expérience entre professionnels, construits autour d’une analyse de l’incident ou l’accident, débouchant sur des actions correctrices pour éviter que ces erreurs ne se reproduisent.
Pour se faire, il devient impératif que chaque professionnel de santé soit acteur dans le recensement de tous ces évenements indésirables.
La démocratisation du Dossier Patient Informatisé devrait permettre de solutionner un certain nombre de problématiques :
- un support unique de recueil de données (traitement en cours, antécédents, …) accessible par tous les professionnels de santé,
- un support de prescriptions accessibles par tous, avec une vision globalisée de la prise en charge du patient(e),
- une symbolique commune de la traçabilité des actes de soins,
- des alertes paramétrées pour alerter le prescripteur, le soignant chargé de l’application d’une prescription, ou de l’administration d’un médicament.
Il ne sera pas le remède à tous les problèmes, mais il restera un outil efficace au service de tous les professionnels de santé, et surtout pour les paramédicaux en charge des soins dans la longue chaine de prise en charge des patient(e)s.
je vous remercie pour tout et je souhaiterais que vous donnez des chiffres en pourcentage d' erreur en franc de plus de citer les textes réglementaires.
Cordialement